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EAU, SANTÉ ET RENFORCEMENT

Principes de soins de santé primaires pour le renforcement

par le Dr. Phil Bartle

traduit par Claire Lechasseur

révisé par Ingrid Kamikazi


Document de formation

cajadelprincipio

Justifier l'acquisition d'une nouvelle installation d'eau potable :

Disons que vous soyez un mobilisateur en communication avec une communauté au sujet des enjeux associés à l'eau potable et buvable. Le sujet de l'eau est adressé, et les membres de la communauté indiquent qu'ils veulent de l'eau potable. Demandez quelle est leur justification pour avoir une nouvelle installation d'eau potable (ou pour améliorer un système déjà en place). « Si l'eau potable est la solution, alors quel est le problème actuel ? »

Les membres de la communauté ont ou n'ont possiblement pas étudié les enjeux à fond. Il est de votre responsabilité de les encourager à envisager tous les motifs et les conséquences afin de les guider à faire leur propre analyse.

Si les membres de la communauté suggèrent qui'ils souhaitent se moderniser ou qu'une communauté voisine a une installation d'eau potable et qu'ils veulent aussi en avoir une, alors vous devez les aviser qu'ils ont choisi une méthode dispendieuse de satisfaire leur fierté. (Vous devrez probablement expliquer comment ce genre de raisonnement reflète fierté et jalousie, et non pas les meilleures raisons qui justifient un projet de cet envergure.) Peut-être y a-t-il des moyens moins coûteux.

Il y a deux problèmes majeurs qu'une installation d'eau potable fiable peut résoudre. L'un d'eux est que l'installation peut réduire le temps et l'énergie consacré à la cueillete d'eau pour ceux qui sont responsables de cette tâche.

En tant qu'investissement, cet argument est discuté plus à fond dans « L'eau potable est un investissement communautaire ». Possiblement, la justification la plus valable est que l'eau potable, propre et buvable est importante - et non pas le seul facteur - pour maintenir la santé des individus dans une communauté ─ pour prévenir les maladies.

Une revue des soins de la santé primaires (SSP) :

La stratégie des soins de la santé primaire (SSP) de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) comprend plusieurs éléments. Plusieurs d'entre-eux ont une pertinence immédiate pour le mobilisateur communautaire.

Ils sont les suivants :

  • Si une société, dans ce cas-ci une communauté, a des ressources limitées et définies, il est préférable de les utiliser dans le traitement d'un nombre moindre de maladies affectant la majorité, plutôt que dans le traitement de plusieurs maladies rares qui n'affectent que quelques individus
  • La prévention est de loin plus efficace (et utile) et beaucoup moins coûteuse qu'un traitement
  • Certaines techniques de soins de santé répandues mais peu coûteuses sont pratiquées par un bon nombre d'individus dont l'éducation est limitée (qu'on appelle « des médecins aux pieds nus »). Elles sont plus efficaces dans le maintient d'une bonne santé que des techniques coûteuses et compliquées qui ne peuvent être pratiquées que sur un nombre moindre de patients, par un petit nombre de personnes hautement qualifiées.

En tant que mobilisateur, vous devez non seulement connaître ces stratégies, mais vous devez promouvoir les moyens de les incorporer dans vos méthodes de renforcement des communautés. L'utilisation d'équipement coûteux de même que des spécialistes dispendieux capables d'exécuter des opérations surgicales au cerveau, aussi coûteuses, peut contribuer à une fierté nationale et à l'échelle mondiale. Mais celle-ci n'a que très peu d'influence en ce qui concerne le maintien et l'amélioration de la santé de la population, en rapport avec les stratégies des SSP.

La clé de votre méthodologie est de trouver les moyens de présenter ces perspectives aux membres de la communauté comme faisant partie de la promotion de leurs propres prises de décisions ; et ceci sans avoir à dicter, prêcher et sermonner les membres de la communauté. L'approche générale est de les encourager à identifier leurs propres priorités, en tenant compte d'observations communes sur les enjeux (évaluation participative), tout en les incitant à remettre en question leurs décisions.

Il n'en tient qu'à vous de trouver les moyens d'y parvenir, sur base d'une connaissance approfondie et détaillée de la communauté visée. Voir: Évaluation participative. Lorsque vous encouragez et guidez une communauté dans son choix de réadaptation du système existant d'approvisionnement en eau potable, ou de construire de nouvelles installations, votre mission s'avère plus efficace lorsqu'effectuée dans le contexte des principes des SSP.

Maladies et renforcement :

Dans le document portant sur Les cinq facteurs de pauvreté, la maladie est identifiée comme un des cinq facteurs majeurs qui contribuent au maintien du problème social qu'est la pauvreté.

Lorsque les membres d'une communauté sont malades, ils cessent d'être productifs en son sein et prennent le temps et l'énergie de ceux qui doivent prendre soin d'eux. Ils se retrouvent également avec un risque accru de mortalité, résultant en pertes de productivité au niveau de la communauté.

Peut-ètre que nous tous ─ nous-mêmes et les membres de la communauté ─ faisons bien des suppositions au sujet des soins de santé. Nous voyons quelqu'un tomber malade, alors nous recherchons le médicament et le traitement susceptibles de le guérir.

On pourrait appeler ceci le modèle « maladie » des soins de la santé.

Une approche plus productive serait de veiller à apporter une plus grande contribution à notre communauté (non seulement les emplois rémunérés, mais toutes nos contributions, domestiques ou autres) en nous maintenant en bonne santé. Nos ressources sont limitées. Si nous les utilisons dans la prévention des maladies plutôt que de les dépenser dans des traitements, ces ressources seraient utilisées de façon beaucoup plus efficace.

Si avoir un centre de santé constitue la priorité de la communauté, encouragez ses membres à questionner ce choix en leur demandant d'identifier le problème résolu. S'ils affirment qu'il y a beaucoup de maladies, demandez-leur si bon nombre sinon quelques-unes de ces maladies pourraient être anticipées.

Ceci éviterait les effets négatifs de se retrouver avec des membres malades et ainsi réduirait un des facteur importants de la pauvreté. Une approche préventive est une utilisation beaucoup plus efficace de ressources qu'une approche curative.

Les membres de la communauté doivent non seulement savoir ce qu'ils font, mais ils doivent savoir pourquoi ils le font. Vos efforts de renforcement de la communauté doivent inclure la provision d'information nécessaire à les inciter à questionner chacune des étapes menant à leurs décisions.

Dans le cadre de vos observations sociologiques de la communauté, si vous remarquez que plusieurs des membres rejettent la théorie du germe de la maladie et préfèrent la théorie du culte, il serait bon de mentionner que les deux théories ne sont pas mutuellement exclusives. Les deux peuvent s'expliquer simultanément. La théorie du germe nous informe sur le simple mécanisme de la transmission des maladies, alors que la théorie du culte explique pourquoi la maladie affecte certains membres et non certains autres.

Votre responsabilité n'est pas de combattre les croyances religieuses (points de vue) de la communauté, mais d'apporter assistance à la communauté dans sa démarche de renforcement par une gestion efficace de ses ressources.

L'eau potable seule n'est pas suffisante :

Plus tôt, ce document mentionnait qu'un système d'approvisionnement en eau potable est un facteur aidant à diminuer la maladie et à améliorer la santé de la communauté. C'est un facteur parmi tant d'autres. Si la communauté choisit un système d'approvisionnement en eau potable pour réduire la maladie, ce choix doit être accompagné d'actions supplémentaires.

L'accès à de l'eau potable et propre provenant d'une pompe ou d'un canal n'est pas, à lui seul, suffisant à la baisse de la prévalence de la maladie ou une amélioration de la santé.

Alors que la malaria, causé par la piqûre des moustiques sur les humains, peut être une des maladies les plus mortelles, la deuxième plus importante, et possiblement la cause la plus impressionnante de maladies débilitantes autant que mortelles, spécialement parmi les enfants, est une série de maladies provenant de l'eau contaminée qui causent la diarrhée. Ceux-ci sont des parasites tel que le e-coli (escherichia coli), dysenterie, lambliase et d'autres maladies qui sont causées par un dépôt de matières fécales dans l'eau potable.

Il n'est pas nécessaire de connaître les termes cliniques pour être un bon mobilisateur, mais vous devez savoir que ces dernières sont invisibles dans l'eau, qu'elles sont porteuses de maladies et que les membres de la communauté doivent en apprendre plus à leurs sujets. Voir: Diarrhée, e-coli, amibe, dysenterie, maladies intestinales, diarrhée, giardia.

Un problème énorme vient du fait que ces parasites sont tellement petits que nous ne pouvons les observer qu'à l'aide d'un microscope. L'apparence de l'eau potable (propre) est identique à celle de l'eau contaminée. Étant donné que les micro-organismes sont invisibles à l'oeil nu, en discuter peut paraître comme relevant de la magie et le doute naturel est un fait courant parmi la plupart des membres de la communauté.

L'eau venant d'une pompe ou d'un canal, qui est potable (propre), doit demeurer potable et propre jusqu'à son absorption. Le premier problème est que cette eau potable est très facilement contaminable entre le robinet jusqu'à la bouche. Si elle est bue, alors qu'elle est contaminée, les maladies ne seront pas réduites.

Lorsque un individu se soulage sur la surface de la terre, que ce soit sur le bord de la route, dans les buissons, dans les potagers ou dans une ruelle de la ville, les matières fécales sont déposées dans l'air libre. Avec la tombée de la pluie, ces matières fécales s'étendent et les parasites qu'elles contiennent se retrouvent dans l'eau. Ils sont invisibles. Ils sont lavés vers le fossé le plus proche, une mare ou une rigolle, et se retrouvent éventuellement dans les fleuves et les lacs.

L'eau est claire et pétillante et semble innocente. Elle est mortelle.

Transformer cette eau contaminée en eau potable est coûteux et demande du temps. Le processus requiert la filtration, l'ébullition, l'ajout de produits chimiques ou même une combinaison des trois.

La plupart des eaux souterraines et de l'eau de pluie ne sont pas contaminées. Les vapeurs et la condensation de la pluie ne permettent habituellement pas aux parasites d'être transportés, et le sol fournit une filtration naturelle des eaux souterraines. Plutôt que de recourir au traitement coûteux de l'eau contaminée, il est plus efficace de trouver des moyens de s'assurer que l'eau non-contaminée demeure potable jusqu'à sa consommation. Ceci demande souvent une modification des comportements de la part des membres de la communauté.

De tous les projets d'installation d'eau potable, cet aspect est celui qui est le moins pratiqué, et aussi celui qui rend tous les efforts inutiles s'il n'est pas pratiqué.

Changer les comportements :

Les individus ne changeront pas leurs comportements à moins qu'ils soient motivés à le faire, qu'ils en comprennent les raisons et qu'on leurs offre des méthodes faciles d'y arriver. En tant que mobilisateur, ceci pourrait se revéler être un de vos plus grands défis. Cet aspect est encore plus difficile que le rassemblement des membres d'une communauté afin de bâtir un système d'installation d'eau potable.

Vous ne pouvez dicter, prêcher ou sermonner, mais vous devez trouver les moyens de travailler avec la communauté. Et ceci dans un sens qui les incitera à faire un choix collectif d'influencer le changement des comportements de tous ses membres, volontairement et complètement. Les matières fécales d'un seul individu sont suffisantes pour contaminer un cours d'eau avec des parasites invisibles.

Considérez certaines des barrières auxquelles vous devez faire face :

  • Les individus sont souvent embarrassés de discuter des mécanismes du corps humain, surtout en public
  • Plusieurs communautés ont des tabous en ce qui concerne les discussions sur les excréments humains
  • Les membres de la communauté sont plus enclins à creuser un puits qu'une latrine
  • Les individus sont plus enclins à contribuer (en argent ou en nature) à une installation d'eau potable qu'à l'installation d'un service de rebut
  • Plusieurs individus n'acceptent pas ou ne comprennent pas la théorie du germe de la maladie
  • Personne ne veut nettoyer les latrines publiques
  • Personne ne veut accepter la responsabilité de nettoyer les latrines publiques
  • Les latrines privées sont souvent réservées seulement aux invités importants et au VIPs
  • Même lorsque les latrines sont disponibles, elles sont rarement utilisées par les bébés et les enfants en bas âge
  • Très peu d'individus comprennent le lien entre les matières fécales et la contamination de l'eau potable
  • Très peu d'individus savent ou comprennent que des mains d'apparence propre peuvent aussi être contaminées
  • Très peu d'individus savent qu'un seau d'eau potable provenant du puits peut facilement devenir contaminée durant son transport à la maison
  • Très peu d'individus reconnaissent le taux élevé de contaminants à la surface de l'eau.

Vous devez entrevoir des stratégies pour surmonter ces barrières et pour trouver des moyens positifs incitant les individus à changer leurs comportements volontairement, de même que leurs attitudes, afin que l'eau demeure potable et propre du canal à sa consommation.

Veillez à ce que toute campagne communautaire ou publique visant le changement des comportements des individus soit accompagnée d'une compréhension claire des raisons poussant à ce changement. Pour un observateur sociologique attentionné et perspicace, souvent les effets résiduels de campagnes précédentes dans le comportement présent sont complètement exempts de l'effet anticipé.

Un point commun, par exemple, serait une campagne incitant les individus à couvrir le contenant rempli de l'eau recueillie au puits communautaire avant de le transporter à la maison. Et ceci sans aucune explication. Cinq ou dix ans plus tard, vous observerez les membres de la communauté couvrir les contenants d'eau avec des cellophanes, linges ou cartons sales et usés (habituellement le résident est parfaitement au courant de votre visite au puits). Aucune idée du pourquoi.

Le simple fait de couvrir le contenant contamine maintenant l'eau potable à l'intérieur du contenant.

Si une campagne visant le changement des comportements est nécessaire, elle ne peut, en aucune manière, être organisée par le mobilisateur ou toute autre personne responsable du projet d'eau potable. Ce doit être une décision consciente du conseil exécutif responsable du développement de la communauté et doit être basée sur une compréhension approfondie de la prévention des maladies causées par l'eau contaminée.

La communauté devrait décider de tenir une réunion publique afin de discuter de la campagne et de ses raisons d'être. Les membres devraient identifier diverses méthodes, incluant des dissertations d'enfants en âge de scolarisation, des prix et des lectures publiques de leurs contributions. Préparer et placer des affiches colorées ainsi que d'autres campagnes devraient être organisés par la communauté. Le raisonnement, aussi bien que le changement des comportements proposé, doivent être discutés publiquement et par tous les membres de la communauté. Des experts externes devraient être invités par la communauté afin de discuter des raisons ainsi que des actions proposées.

Il est important d'utiliser la même approche participative pour une campagne visant le changement de comportement et une sensibilisation à la prévention (à propos des raisons de santé menant au changement) que pour tout autre projet communautaire. Voir Mobilisation. Les décisions de prise d'action, de planification et mise en application de ces actions ainsi que le suivi et l'évaluation de ces actions doivent être toutes prises unanimement par la communauté. Ses détails devraient être définis par le conseil exécutif de la communauté. Évitez de le faire et laissez la communauté le faire d'eux-mêmes. Notez chacune des barrières identifiées plus haut (et toute autre que vous découvriez) sur le tableau en compagnie de la communauté et utilisez des méthodes du remue-méninges pour développer un projet visant le changement des comportements, de la même manière que vous le feriez pour tout autre projet communautaire. Voir La session du remue-méninges (Brainstorm).

Rappelez-vous la base de la méthodologie de renforcement. Voir Renforcement. Si vous accomplissez le travail, prenez les décisions, planifiez, gérez la mise en application et la surveillance au profit de la communauté, vous êtes pareil à l'entraîneur d'une équipe sportive qui s'entraîne pour ses joueurs. Plutôt que de renforcer la communauté, ceci l'affaiblira. Voir Principes de renforcement. Suggérez, stimulez, organisez et encouragez en utilisant les techniques offertes sur ce site, et laissez la communauté se renforcer et développer un projet durable plutôt que de devenir plus dépendante.

Conclusion :

Les membres de la communauté choisiront possiblement l'installation d'eau potable comme leur priorité, la justification principale étant la réduction des maladie et par conséquent la réduction de la pauvreté.

L'eau potable, seule, n'améliorera pas la santé. Une sensibilisation sur les cycles liés aux maladies provenant de l'eau contaminée ainsi que sur l'importance de maintenir l'eau propre jusqu'à sa consommation - ce qui requiert nécessairement un changement de comportements - doit accompagner la construction ou la réadaptation d'un système d'eau potable.

La combinaison de ces éléments peut être efficace dans la prévention des maladies et la baisse de la pauvreté. Et même plus efficace que la construction d'un centre de santé ou d'autres installations que les membres de la communautés choisissent en supposant que ceux-ci puissent améliorer la santé.

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Campagne de sensibilisation de la santé et de l'hygiène :


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Mise à jour : 01.07.2011

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